Terre à terre

 

J'ai l’habitude de voyager la tête en l'air. Pourtant, j'ai découvert le Cambodge la tête en bas. D'abord pour l'histoire. L'atrocité du génocide. Un quart de la population massacrée. Quarante ans après la chute du régime khmer rouge, me voilà toute petite face aux traces du passé. La tête en bas. Je ne connais personne. Je ne parle pas un mot de leur langue. Mes premiers pas en terre khmère m'amènent à m'intéresser à la vie locale sans pouvoir parler ni échanger autrement qu'avec des gestes. Mes yeux cherchent alors des indices de la vie. Et la vie, je la trouve au sol. La plupart du temps. La cuisine, le marché, les jeux, les siestes, les toilettes, les déchets.

 

Au sol, je découvre des gants, des masques, beaucoup de tongs, des chaussettes... Sacs plastiques, cartes, cendres, berlingots de lait, noix de coco, épis de maïs, poisson séché, boîtes en sagex, cigarettes, fonds de casserole de riz jonchent le sol. Mais aussi des sangsues, des serpents et des geckos écrasés par les nombreuses motos. Des mines antipersonnel. Les racines du fromager. Des lignées entières d'hévéas fraîchement plantés. Les fleurs de lotus, de frangipanes. Des empruntes de poules dans le béton frais. Ce sont les premiers éléments qui me renseignent sur leur alimentation, leurs habitudes et certaines de leurs coutumes.

 

Reflets du quotidien d'un périple tout autour du Cambodge. Derrière mes photos, mon regard qui plonge là où il y a la vie. Je la partage avec vous. 

 

Carole Burkhalter